La bonne nouvelle, c’est qu’il y a beaucoup de façons propices de créer des programmes récréatifs inclusifs et d’appuyer l’inclusion sociale au nom des personnes ayant un handicap. Nous présentons ci-dessous les huit exigences pour bâtir un programme récréatif inclusif réussi. Dans la prochaine section du présent module d’apprentissage, nous proposons d’autres stratégies permettant aux personnes ayant un handicap de réaliser l’inclusion sociale par les activités récréatives.
Première exigence : Avoir une mission qui englobe l’inclusion
Une étape importante du processus consiste à adopter l’inclusion dans le cadre de la mission de votre organisme ou de votre programme. Il importe de mettre l’énoncé par écrit et, dans la mesure du possible, de l’afficher bien en vue. L’énoncé de mission doit simplement indiquer que votre programme valorise l’inclusion et qu’il s’efforcera d’accueillir et de soutenir toutes les personnes qui participent. Il n’est pas nécessaire de mentionner les personnes ayant un handicap expressément, mais il doit être convenu que les personnes ayant différentes habiletés et différents antécédents seront desservies par votre programme.
Deuxième exigence : Avoir un leadership fort et un soutien administratif pour l’inclusion
Dans une étude récente sur les programmes récréatifs inclusifs, le leadership pour l’inclusion chez les cadres supérieurs a été mentionné comme étant l’un des principaux facteurs de succès (Stuart Schleien, Kimberly Miller et Mary Shea, « Search for Best Practices in Inclusive Recreation: Preliminary Findings », Journal of Park and Recreation Administration, volume 27, printemps 2009). L’étude indique :
Même si les initiatives d’inclusion ont commencé dans certains organismes au niveau de la base, il est évident que les services inclusifs ne se sont répandus dans un organisme qu’une fois que les cadres ont manifesté leur plein soutien… Les cadres des organismes ont fait plus que simplement approuver la prestation de services inclusifs (PSI) ou que d’appuyer la PSI derrière des portes closes. Ils ont clairement désigné la PSI comme un objectif prioritaire de l’organisme, et ce, en présentant l’inclusion et de la mission de leur organisme comme des éléments concordants, en traitant l’inclusion comme priorité dans les rencontres avec le personnel et les membres de la communauté, et en établissant des objectifs pour l’organisme dans son ensemble reflétant l’importance qu’on y accorde.
Troisième exigence : Utilisation de « facilitateurs d’inclusion » pour concevoir et mettre en œuvre des pratiques inclusives
Les programmes d’inclusion réussis ont par ailleurs recours à des gens qui ont une connaissance des pratiques et des programmes inclusifs afin d’orienter leur mise en œuvre au fil du temps. Ce « facilitateur » de l’inclusion peut être un membre du personnel ou quelqu’un de l’extérieur. Ce devrait cependant être une personne ayant une connaissance particulière dans les enjeux qui touchent les personnes ayant un handicap. Elle devrait aussi connaître les pratiques inclusives, comme les adaptations apportées aux activités, l’utilisation d’équipement spécialisé, le soutien à l’établissement de liens et de relations sociales, et les stratégies pour communiquer avec le personnel des programmes récréatifs, les personnes ayant un handicap, les familles et d’autres personnes de la communauté. À certains endroits (tout particulièrement aux États-Unis), ces facilitateurs ont le titre professionnel de « Certified Therapeutic Recreation Specialist (CTRS) » (spécialiste en activités récréatives thérapeutiques agréée). Les facilitateurs passent généralement le gros de leur temps auprès du personnel des activités récréatives et des bénévoles, les aidant à adapter les programmes, à lancer des idées de stratégies pour l’inclusion et à apprendre des pratiques d’inclusion. Dans les petites communautés et les régions rurales, les fournisseurs d’activités récréatives se mettent ensemble pour faire appel aux services d’une personne comme facilitateur d’inclusion, ce qui réduit le coût qu’assume chacun de leurs programmes.
Quatrième exigence : Embauche et formation du personnel
La mise en œuvre de programmes récréatifs inclusifs exigera que le personnel souscrive à une mission et à une culture de programme inclusif. Elle exigera aussi des membres du personnel qui soient au courant des pratiques inclusives. Les programmes inclusifs créent des descriptions de travail qui reflètent « la responsabilité de desservir les participants ayant un handicap dans des milieux inclusifs » (Schleien, Miller et Shea, 2009). Le processus d’embauche du personnel intègre des questions concernant l’engagement d’une personne envers l’inclusion.
Les programmes récréatifs peuvent démontrer leur engagement envers l’inclusion en offrant des possibilités d’emploi aux personnes ayant un handicap. Souvent, les personnes ayant un handicap apporteront une connaissance personnelle importante au programme, connaissance qui profitera à tout le monde. De plus, l’embauche de personnes ayant un handicap peut montrer au grand public que « vous pratiquez ce que vous prêchez » par d’autres façons.
La formation du personnel est par ailleurs essentielle à la création d’activités et de programmes inclusifs. Dans les programmes inclusifs réussis, tout le monde reçoit de la formation sur les pratiques inclusives. La formation doit comprendre le personnel travaillant dans les colonies de vacances et les programmes parascolaires. La formation ne doit pas être vue comme une activité ponctuelle. Elle doit plutôt être continue et, de préférence, comprendre des activités de formation interne annuelles.
Les nouveaux employés devraient recevoir une orientation comprenant de l’information claire sur la philosophie et la mission du programme. Les cadres devraient recevoir de la formation sur l’obligation juridique de prendre des mesures d’adaptation et les façons d’offrir des mesures d’adaptation. Les employés qui ont un rôle de soutien administratif ou qui s’occupent de l’inscription au programme devraient être formés aux « pratiques de services à la clientèle efficaces » et au traitement approprié des personnes ayant différentes capacités et divers antécédents. Le personnel du programme, y compris le personnel des colonies de vacances et des programmes parascolaires, devrait recevoir de la formation sur les stratégies d’inclusion, les façons positives de gérer les comportements et la structure coopérative des activités » – la conception de l’activité, de manière à ce que les gens jouent ensemble en collaboration (Schleien, Miller et Shea, 2009).
Qui devrait offrir la formation? Il peut y avoir plus d’une option. Idéalement, vous aurez accès à quelqu’un qui a un rôle de « facilitateur d’intégration » pour votre programme. Comme susmentionné, il s’agit de quelqu’un qui a une connaissance des pratiques et des approches en matière d’inclusion. Si l’on ne dispose pas d’une telle personne, alors la meilleure solution de rechange est d’inviter quelqu’un dans le programme pour faire des activités de formation. Au Nouveau-Brunswick, Recreation New Brunswick offre de l’aide dans la formation, notamment avec l’atelier Moving to Inclusion et la présentation All Abilities Welcome. On trouvera des renseignements sur Recreation New Brunswick dans le site Web de l’organisme, à www.recreationnb.ca. Pour ce qui est de l’obligation de prendre des mesures d’adaptation, la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick offre des ateliers et de la consultation aux fournisseurs d’activités récréatives. On trouvera des renseignements sur la Commission à www.gnb.ca/hrc-cdp/index-e.asp.
Cinquième exigence : Assurer l’accessibilité et le design universel
L’accès physique est un aspect important de l’inclusion et de la participation. Cela signifie que les espaces utilisés pour les activités et les programmes récréatifs doivent être accessibles à tous. Ces espaces comprennent les entrées, des toilettes, les aires d’activités, les aires de stationnement et l’équipement. En plus d’assurer l’accès des personnes qui ont des problèmes de mobilité, il faut prévoir des dispositifs assurant l’accès des personnes aveugles ou sourdes. Il peut être utile de mener une « vérification de l’accessibilité ». À cette fin, vous pourriez demander aux personnes de différents organismes s’occupant des personnes ayant un handicap de visiter votre programme afin de vous aider à trouver les choses à changer pour améliorer l’accessibilité.
Des problèmes particuliers peuvent se poser quand les programmes récréatifs sont offerts dans des bâtiments anciens. Les modifications visant à accroître l’accessibilité peuvent exiger des fonds pour des dépenses en capital qui sont difficiles à obtenir. En planifiant le programme, on doit s’assurer que les exigences financières pour des modifications visant à accroître l’accessibilité peuvent être satisfaites dans les plus brefs délais afin d’éviter les plaintes de discrimination en vertu de la Loi sur les droits de la personne.
L’accessibilité au programme est par ailleurs essentielle. Ce type d’accessibilité suppose une réflexion sur la façon que des personnes de capacités et de situations différentes peuvent participer. Cela signifie s’assurer que les règlements et les politiques n’excluent personne (délibérément ou non). Cela signifie aussi s’assurer que les personnes aient les moyens de participer et qu’elles aient suffisamment de variété dans les activités et les programmes récréatifs. Enfin, cela signifie veiller à ce que les personnes aient le soutien dont elles ont besoin pour participer. Des stratégies visant à assurer les moyens financiers, à fournir les mesures de soutien et à apporter les adaptations et les modifications à la conception des programmes sont proposées dans la prochaine section, qui a pour titre Autres stratégies pour réaliser l’inclusion sociale par les activités récréatives.
Design universel
De plus en plus, les fournisseurs d’activités récréatives prennent connaissance du design universel. Le design universel est un « design de produits et d’environnements qui doivent être utilisables par tous, dans toute la mesure du possible, sans qu’une adaptation ou un design spécialisé soit nécessaire » (Jennifer Skulski, Designing for Inclusive Play: Applying the Principles of Universal Design to the Playground, extrait le 26 février 2010 du National Center on Accessibility, à www.ncaonline.org).
Le design universel permet à tout le monde — pas seulement aux personnes ayant un handicap — « de naviguer, de manipuler et d’apprécier le monde ». Parmi les exemples courants de design universel rendant la vie plus facile et plus accessible, mentionnons les bateaux de trottoir, les planchers antidérapants, les barres d’appui et les portes automatiques. Le design universel réduit grandement le besoin de mesures d’adaptations particulières et continues.
Il y a sept principes dans le design. Ils sont énumérés ci-dessous avec leurs lignes directrices correspondantes (comme cités dans Skulski, voir ci-dessus).
Sixième exigence : Le financement
L’engagement de mettre sur pied des programmes récréatifs inclusifs doit dépasser les mots. Il est nécessaire de poser des gestes précis pendant une période prolongée. Certaines de ces actions nécessiteront de l’argent pour réussir leur mise en œuvre. Trouver assez d’argent peut s’avérer un défi constant pour beaucoup de programmes récréatifs.
Des fonds étant nécessaires, les responsables des programmes récréatifs doivent réfléchir à ce qui est nécessaire pour mettre en œuvre des pratiques et des activités inclusives. Du financement peut être nécessaire pour :
De l’équipement adapté et d’autres mesures d’adaptation;
Embaucher un facilitateur d’inclusion et fournir la formation nécessaire au personnel;
De l’amélioration apportée aux immobilisations des bâtiments ou des installations non accessibles aux personnes ayant un handicap;
Embaucher des gens qui peuvent apporter un soutien aux personnes ayant un handicap lorsque nécessaire pour assurer leur participation (ce qui peut signifier des mesures de soutien personnelles, entre autres sous la forme de travailleurs de soutien ou de préposés, d’interprètes gestuels).)
Les programmes récréatifs inclusifs réussis définissent généralement les besoins de financement pour mettre en œuvre les pratiques inclusives. Ces besoins sont intégrés aux budgets annuels, parfois à titre de « fonds spéciaux » pour les services et les mesures de soutien que les programmes nécessitent. Certains programmes se sont engagés envers l’exigence voulant que tout projet de fonds de capital et d’emprunt comprenne l’attribution de financement pour assurer l’accès des personnes ayant un handicap (Schleien, Miller et Shea, 2009).
Septième exigence : Le réseautage
La mise sur pied de programmes récréatifs inclusifs réussis ne se produit généralement pas en vase clos. Elle suppose habituellement la participation de personnes et d’organisations ayant la connaissance et l’expertise que les fournisseurs d’activités récréatives n’ont pas (du moins au début). Le réseautage auprès des organismes, les fournisseurs de services, les groupes de travail ou les comités qui s’occupent des personnes ayant un handicap, les districts scolaires et les autres fournisseurs d’activités récréatives qui ont de l’expérience augmentera le potentiel de réussite.
Le réseautage comporte de nombreux avantages, mais il peut être plus utile quand on y a recours pour recueillir les commentaires pour la mise sur pied de programmes inclusifs, déterminer les mesures d’adaptation et de soutien appropriées, promouvoir votre programme ou vos activités aux personnes non desservies et demander du financement visant l’amélioration de votre programme inclusif. Si vous préparez le terrain pour mettre en œuvre l’inclusion, vous pourriez mettre sur pied un « comité consultatif » pour vous aider à planifier les étapes menant à la réussite (Schleien, Miller et Shea, 2009).
Une mise en garde s’impose. Si vous visez l’inclusion véritable, alors il est important de résister aux appels visant l’établissement d’activités et de programmes à part pour des groupes précis de personnes ayant un handicap. Ces programmes et activités existent déjà dans la communauté. L’établissement de programmes inclusifs suppose une réflexion sur la façon que les gens participeront à des activités récréatives ordinaires ou communes plutôt que d’être à part dans des groupes en raison de leurs caractéristiques personnelles.
Huitième exigence : le marketing et la promotion
Pour respecter cette exigence, il faut dire aux gens dans la communauté que vos « portes sont grandes ouvertes » et les encourager à fréquenter votre programme. Pour les personnes ayant un handicap (et leurs familles), cela signifie s’assurer qu’elles savent qu’elles sont les bienvenues et qu’on répondra à leur besoin de mesures de soutien et d’adaptation.
Le marketing et la promotion peuvent prendre bien des formes, y compris :
Fournir des « énoncés officiels » établissant en format imprimé et en format électronique que le programme est inclusif et qu’il accueille les personnes ayant un handicap.
Fournir de l’information dans un guide du programme. Il est préférable que les renseignements relatifs à l’inclusion ne soient pas réservés à la dernière page de votre guide. Il est préférable d’intégrer cet élément tout au long du guide, y compris dans les pages d’introduction et dans les documents relatifs à l’inscription.
Faire des démarches directes, comme des exposés, notamment devant les personnes ayant un handicap et les groupes de parents, les organismes s’occupant des personnes ayant un handicap, les fournisseurs de services et le personnel des écoles.
Demander aux gens de faire connaître votre programme inclusif par le bouche-à-oreille. (Schleien, Miller et Shea, 2009)